Présentation

ÉcriSoi est d’abord conçu pour accueillir l’extension numérique de la publication du Dictionnaire de l’autobiographie. Écritures de soi de langue française (sous la direction de F. Simonet-Tenant avec la collaboration de Philippe Lejeune, Jean-Louis Jeannelle, Michel Braud et Véronique Montémont, Paris, Champion, 2017, 845 p.).

Le Dictionnaire de l’autobiographie venait combler une lacune bibliographique. Il ne me paraissait pas totalement utopique d’imaginer ce qui pourrait être l’équivalent en langue française de l’Encyclopedia of Life Writing: Autobiographical and Biographical Forms (sous la direction de Margaretta Jolly, Londres, Chicago, Fitzroy Dearborn Publishers, 2001). À la conscience de cette lacune bibliographique s’ajoute une conviction : on sait que l’écriture universitaire souvent cantonnée à des revues spécialisées est vouée à n’être lue que par un nombre minimal de lecteurs. Il semble nécessaire de trouver des supports de communication qui rendent les recherches en littérature accessibles à un public plus large : le dictionnaire était un de ces supports possibles ; le site en est un autre.

La conception de ce dictionnaire répondait aussi à la volonté affichée dès l’introduction l’ouvrage d’accorder ses lettres de noblesse à ce qu’on peut appeler la littérature factuelle. À une époque où les chercheurs littéraires se tournent de plus en plus vers les territoires de la non-fiction, où l’importance croissante prise par le témoignage et le document modifie notre appréhension du littéraire, il semblait important de concevoir un outil de recherche et de communication entre chercheurs qui traitait spécifiquement de ces questions. Un tel outil n’existait pas encore dans l’espace de langue française.

Tous les termes retenus dans le Dictionnaire de l’autobiographie s’entendent dans leur rapport avec les écritures de soi. Il n’était pas question de faire un dictionnaire limité aux auteurs et aux œuvres. C’est un dictionnaire de l’autobiographie et non seulement des autobiographes. Cela impliquait donc une volonté de réfléchir sur les écritures de soi et pas uniquement par le prisme d’écrivains canoniques. Qu’appelle-t-on les écritures de soi – le concept est loin d’être transparent ? Pourquoi s’engage-t-on dans les écritures de soi ? Comment s’y engage-t-on selon les époques, les aires géographiques, sa classe sociale et son sexe ? Pourquoi déteste-t-on les écritures autobiographique (de là, par exemple, l’article « Anti-autobiographie ») ou pourquoi ne les approche-t-on qu’avec réticences (de là, par exemple la présence d’un article « Valéry » ou la présence de l’article « Hugo ») ?

Les principes mis en œuvre dans le dictionnaire se retrouveront dans le site. Celui-ci nous donnera la liberté d’ajouter le nombre d’articles souhaités et des articles plus longs (que ceux du dictionnaire) s’il est nécessaire.

Le site part d’une description du dictionnaire-papier : figure donc une table de tous les articles présents dans le dictionnaire ; un court extrait de chacun des articles est proposé ainsi que sa bibliographie. Les articles qui correspondent aux genres des écritures de soi (autobiographie, autofiction, correspondance, journal personnel, mémoires, roman autobiographique, témoignage) seront donnés dans leur intégralité. Ces mêmes articles seront traduits en anglais. Le site va permettre aussi d’actualiser les bibliographies. Dans le Dictionnaire papier, il avait été choisi d’éclater la bibliographie au fil des articles. 75 % des articles étaient suivis d’une bibliographie (seuls les articles très brefs n’en avaient pas). Chaque bibliographie comptait entre trois et cinq titres à l’exception des bibliographies plus étoffées des articles longs (au-dessus de 8000-9000 signes). Dans la table des articles, il est précisé au lecteur si la bibliographie de l’article est celle déjà présente dans le Dictionnaire papier ou s’il s’agit d’une bibliographie réactualisée pour le site.