Présentation

L’un des principaux axes de recherche menée par les chercheurs de l’université de Rouen et l’équipe « Écrits de soi » de Sorbonne Université visera à préciser la terminologie que nous employons au regard des variations linguistiques au sein de l’espace européen.

Notre but est de nous interroger sur les catégories génériques employées dans les différentes langues européennes (allemand, anglais, espagnol, italien, portugais, polonais…). Les écritures de soi s’appréhendent-elles à travers les mêmes catégories dans d’autres espaces linguistiques ? Parmi les notions en vigueur en France, y en a-t-il qui s’avèrent intraduisibles dans d’autres langues que le français ? À l’inverse, certaines notions liées aux écritures de soi, que l’on rencontre en allemand, anglais, italien… sont-elles absentes de nos usages car sans équivalent en français ? L’idée est de prendre en compte la part d’intraductibilité qui subsistent dans les concepts, les catégories, les noms de genres que nous employons lorsque nous désignons des écrits factuels à la première personne afin de nous interroger sur ce que les transpositions / traductions un peu hâtives d’une langue à l’autre (ainsi de la catégorie « autofiction » exportée un peu partout) produisent comme effets de brouillage, mais aussi sur ce que les écarts entre les langues révèlent des pratiques, des représentations et des études littéraires.

Revue critique

Les travaux préparatoires prennent la forme de comptes rendus fouillés des grands projets d’encyclopédies ou de dictionnaires publiés en France et à l’étranger tels :

  • Handbook of Autbiography/Autofiction (De Gruyter) en trois volumes (1. « Theory and concepts », 2. « History », 3. « Exemplary Texts »), dirigé par Martina Wagner-Egelhaaf ;
  • Oxford History of Life-Writing (Oxford University Press) en sept volumes, du Moyen Âge à l’époque contemporaine, dirigée par Zachary Leader, etc.
  • Encyclopedia of Life-Writing (Routledge) sous la direction de Margaretta Jolly (2001) ;
  • Georg Misch, Geschichte der Autobiographie, 4 vol., Bern-München, Francke, 1949 ; Frankfurt a. M., Schulte-Bulmke, 1950-1969.

Mais aussi d’essais importants, méconnus en France, tels :

  • Automedialität: Subjektkonstitution in Schrift, Bild und neuen Medien, dir. Jörg Dünne & Christian Moser, München  Fink, 2008.
  • Jose Romera Castillo, De primera mano: sobre escritura autobiografica en Espana, Madrid, Visor Libros, coll. « Biblioteca Filologica Hispana », 2005.
  • Anna Caballé, Narcisos de tinta: ensayos sobre literatura autobiográfica en lengua castellana (siglos XIX y XX), Málaga, Megazul, 1995.
  • Manuel Alberca, La máscara o la vida: De la autoficción a la antificción, Málaga, Pálido Fuego, 2017.
  • Anna Iuso, La svolta autobiografica – Infanzia e memoria nell’Ottocento italiano, CISU Roma, 2018.
  • Franco D’Intino, L’autobiografia moderna : storia, forme, problemi, Roma, Bulzoni, coll. « Biblioteca di cultura », 1998.
  • etc.

État des lieux de la recherche européenne

Les comptes rendus s’accompagnent d’entretiens de certains des chercheurs impliqués dans la recherche sur les écrits de soi en Europe afin de revenir sur la méthodologie employée et de susciter un travail de croisement d’avec d’autres projets offrant des points de comparaison.

Nous avons le désir d’offrir ici la traduction d’articles importants de collègues étrangers, afin de faciliter la circulation des recherches qui dépassent très rarement les frontières nationales ; conjointement, nous aimerions faciliter la traduction d’articles ou de travaux français (à l’exception notable des essais de Philippe Lejeune, peu des réflexions menées en France sont connues à l’étranger).

Terminologie comparée

Les collègues français et européens réunis au sein du réseau « Babel » ont, de plus, pour ambition de travailler sur la terminologie comparée des écrits de soi, en partant des définitions attestées, dans des dictionnaires, articles ou essais critique, des principales catégories génériques employées d’un pays à l’autre, cela afin de construire un réseau sémantique multilingue au sein du contexte européen.

À l’approche synchronique, il s’agit d’associer des études diachroniques sensibles à l’historicité des noms de genre et des catégories littéraires, et une réflexion sur l’usage de ce champ lexical dans l’historiographie de la littérature – usage que l’on peut supposer variable dans le temps et dans l’espace européen.

Ce travail préparatoire vise à l’organisation, à terme, d’un colloque européen travaillant à restituer la singularité linguistique de chacun des termes employés, cette complexité lexicale étant à nos yeux l’une des conditions pour renouveler les études sur les écrits de soi.


Les travaux menés dans ce cadre s’inscrivent dans le cadre d’un accord entre le CÉRÉdI de l’université de Rouen Normandie – dirigé par Sylvain Ledda – et le groupe « Écrits de soi » de Sorbonne Université (CELLF) – dirigé par Jean-Christophe Igalens et Jean-Louis Jeannelle.