Terminologie comparée
Rubrique en cours d’élaboration |
Au seuil du monumental Vocabulaire européen des philosophies, sous-titré Dictionnaire des intraduisibles (Seuil-Le Robert, 2004), Barbara Cassin écrivait : « L’un des problèmes les plus urgents que pose l’Europe est celui des langues. On peut envisager deux types de solution : choisir une langue dominante, dans laquelle se feront désormais les échanges – un anglo-américain mondialisé ; ou bien jouer le maintien de la pluralité, en rendant manifestes à chaque fois le sens et l’intérêt des différences, seule manière de faciliter réellement la communication entre les langues et les cultures. »
Profondément convaincus de la nécessité d’une telle pluralité pour comprendre ce qui se joue, linguistiquement, conceptuellement, théoriquement dans chaque langue, le « Babel des écrits de soi dans l’espace européen » se fixe pour objectif de restituer aux catégories génériques employées dans les principales langues européennes, cela en diachronique (au fil des siècles, du 16e jusqu’à l’époque contemporaine) et en synchronie (en s’attachant aux acceptions fines d’un même terme à une époque donnée telles qu’en rendent compte les dictionnaires, les classements ou les usages par les écrivains) afin de dessiner le continuum de formes disponibles et de saisir le champ des écrits de soi tel que permet d’en rendre compte leur traitement linguistique. Comme dans le cas du Vocabulaire dirigé par Barbara Cassin, « intraduisible » ne signifie pas ici « impossible à traduire », mais qu’on ne cesse de traduire, au prix d’homonymies, d’oublis de sens courants à d’autres époques, ou de contresens qui finissent par devenir signifiants, voire de confusions qui ont pu jouent un rôle déterminant à certaines époques. De même que l’histoire de la philosophie se joue dans la manière dont peut se dire par exemple la question de l’être, de même les écarts entre les termes : Mémoires / Memoiren ou Erinnerungen (ou encore Lebenserinnerungen) / Memoirs ou memoir / memorie ou libro di memorie – autrement dit tous les écarts entre les usages concrets de ces différents termes à des époques précises, l’importance qui leur est accordée par les écrivains, les lexicographes, les différents types d’usagers (bibliothécaires, libraires, enseignants, critiques…), leur légitimation ou au contraire leur mise à l’écart par les théoriciens des écrits de soi sont déterminants pour comprendre ce qui se joue dans l’évolution de ce champ très plastique et où les interactions des catégories génériques entre elles sont continuelles.
Les collègues de tous les pays européens (au sens humain et culturel du mot « européen », autrement dit incluant résolument la Grande-Bretagne) qui aimeraient collaborer à ce projet et contribuer à construire, dans leur langue et en dialogue avec celles des autres pays, à travail de terminologie comparée en établissant les définitions attestées des différents noms de genres du XVIe siècle à nos jours peuvent contacter Jean-Louis Jeannelle et Françoise Simonet-Tenant.