Mémoires diasporiques cubains-américains : l’exil en héritage

Auteur de la thèse: 
Directeur de thèse: 
Savin Ada
Université: 
Université Paris Saclay
Année de soutenance: 
2017

Résumé

Cette thèse de doctorat s’intéresse aux questions identitaires des sujets multiculturels cubains-américains, hantés par l’île mais habitants du continent nord-américain, ainsi qu’aux phénomènes de passation mémorielle inter-générationnelle exacerbés par l’expérience de l’exil post-castriste. Au cours de cette étude, sont présentées les relations complexes entre Cuba et les États-Unis, les grandes étapes de formation de la diaspora cubaine-américaine, en particulier les vagues successives de l’émigration post-castriste (1959) qui ont bouleversé la carte identitaire de la communauté translatée, mais en particulier l’identité d’une ville périphérique du sud de la Floride : Miami. Nous verrons pourquoi cette mégalopole états-unienne est souvent considérée aujourd’hui comme la capitale des Caraïbes, voire la capitale des Amériques. À travers l’étude des mémoires cubains-américains, seront discutées les questions de la nature de l’exil cubain post-castriste, en particulier sa temporalité, et la perception paradoxale de l’exil, à la fois associé par certains à un moment donné de leur vie d’adulte comme foyer et/ou fardeau. La thèse fait une part importante à l’enfance mutilée des membres de la génération dite « une-et-demi », leur hybridité identitaire qui s’exprime par un nomadisme culturel et linguistique. Leurs témoignages décrivent également de nombreux phénomènes de pollinisations interculturelles, contrebalancés et/ou complétés par une répétition mémorielle obsessive des aïeux conteurs. Un dernier temps de cette étude sera consacré à l’écriture de soi qui est à la fois transcendance et rémanence de l’exil, du passé. Les mémoires cubains-américains illustrent aussi souvent le passage d’une tradition cubaine orale vers une tradition américaine de réalisation de soi par l’écriture. Ils s’inspirent de l’intime pour tendre vers l’universel, tout du moins ils tendent à s’inscrire dans le domaine de la littérature autobiographique latino-américaine, voire dans l’écriture de soi états-unienne.

Abstract

This dissertation is centered on the questions of identity of the multicultural Cuban-American ‘I’s, haunted by the island but inhabiting the North-American continent, as well as on the phenomena of intergenerational transmission of memory, exacerbated by the traumatic experience of post-Castro exile. Along this study we discuss the complex relationship between Cuba and the United States of America, the important stages of the emergence of the Cuban-American disapora, particularly the successive post-castrist waves of emigration, which have completely altered the identity card of the displaced community but also redefined the identity and role of a peripheral southern city of Florida: Miami. How and why is this American megalopolis often considered today as the capital of the Caribbean, to some extent even of the Americas? Through a close reading of Cuban-American memoirs, we examine the post-castrist Cuban exile, more precisely its temporality, as well as its paradoxical perception by certain Cuban-Americans, at a certain point in their adult life as both a haven and a burden. The dissertation also considers the mutilated childhood of the “one-and-a-halfers”, their identity hybridity transpiring through their cultural and linguistic nomadism. Their personal testimonies depict multiple phenomena of crosscultural pollinization, counterbalanced and/or completed by an obsessive repetition of their cultural memory thanks to their story-telling grandparents. In the final part of this study we explore self-writing, which is both transcendance and resurgence of their exile and their past. Besides, Cuban-American memoirs often shed light on the passage from a Cuban oral tradition to an American tradition of self-fufilment through writing. They root their inspiration in intimacy to reach the universal, they participate in inscribing their presence their presence both within the realms of Latin-American literature and U.S. self-writing.

Jury

Alexis Nuselovici, Professeur, Université Aix-Marseille
Catherine Mazauric, Professeure, Université Aix-Marseille
Marie-José Fourtanier, Professeure, Université Toulouse Le Mirail
Bernard Salignon, Professeur, Université Paul-Valéry Montpellier 3