Margareta Miller-Verghy ou un destin de femme-écrivain à la fin du XIXe siècle et dans la première moitié du XXe siècle

Auteur de la thèse: 
Directeur de thèse: 
Mariette-Clot Catherine, Gîrbea Catalina
Université: 
Université Grenoble Alpes
Année de soutenance: 
2018

Résumé

Dans la deuxième partie du XIXe siècle, les femmes qui osent écrire et publier sont encore très peu nombreuses. Face à une société qui les rejette ou qui les traite de bas bleus, elles sont à la recherche de solutions et celles qu’elles trouvent sont soit se cacher sous des apparences d’hommes et publier sous pseudonyme, soit par contre, approfondir le féminin et écrire une littérature du moi : journal, autobiographie, roman épistolaire. Margareta Miller-Verghy (1865-1953), une écrivaine ignorée par les histoires littéraires, qui est pourtant parmi les premières écrivaines francophones roumaines, commence sa carrière littéraire en publiant sous pseudonyme. Ses romans, dont le dernier Blandina, qui paraît à titre posthume et en traduction roumaine, témoignent de cette littérature à forte dimension autobiographique. Son destin traverse deux siècles et peut être considéré comme représentatif du chemin que la femme-écrivain parcourt à partir de l’époque du mépris et de la méfiance du XIXe siècle, jusqu’à la pleine acceptation, au XXe siècle. Margareta Miller-Verghy naît à Jassy, Roumanie, mais passe son enfance et plus tard sa jeunesse à Genève, dans un milieu non seulement francophone, mais aussi multilingue. Ainsi s’explique son penchant pour les langues et son talent de traductrice qu‘elle exerce dans un premier temps en traduisant en français l’œuvre de Mihail Eminescu, le plus grand poète roumain. Après une licence en Sciences Sociales, obtenue toujours à Genève, elle devient directrice de l’asile Elena Doamna, à Bucarest, et en cette qualité elle publie des ouvrages à contenu didactique, dont une méthode d’apprentissage du français, qui est parmi les premières de ce genre. Sa carrière d’écrivaine commence en 1883 avec une nouvelle parue sous le pseudonyme Marmil et continue par trois romans, le premier, Theano, paru en Roumanie et en France en 1919 et respectivement en 1921, le deuxième Cealaltă lumină (L’Autre Lumière), en 1944, un témoignage de l’accident à la suite duquel elle a perdu sa vue et le dernier Blandina (1980), qui est en fait le premier de ce cycle autobiographique. En dehors de cette activité dans le champ de la littérature, elle milite pour la littérature féminine, en publiant une anthologie intitulée Evoluţia scrisului feminin în România (Évolution de l’écrit féminin en Roumanie), s’intéressée aux arts, dirige pour une vingtaine d’année une institution qui organisait des projets culturels, La Maison d’Art, et exerce une importante activité charitable, surtout pendant la première guerre mondiale. La biographie de cette femme-écrivain, accompagnée par l’édition critique de son roman le plus connu constituent l’objet de la thèse que nous avons créée, mais pour que son œuvre et son activité si diverse et si complexe soient connues et appréciées par les générations futures, la recherche très laborieuse que nous avons réalisée dans les archives doit être élargie par un travail d’édition et de réédition. Continuer cette étude par une monographie, par une nouvelle édition du roman Blandine, par une édition d’œuvres nous semble un devoir pour les années à venir.

Abstract

In the second half of the nineteenth century, women who dare to write and publish are still very few. Faced with a society that rejects them or treats them as blue bottoms, they are looking for solutions and those they find are either to hide under the appearance of men and publish under pseudonym, to be against, deepen the feminine and write a literature of the self: journal, autobiography, novel letter writer. Margareta Miller-Verghy (1865-1953), a writer ignored by literary histories, who is among the first French-speaking Romanian writers, begins her literary career publishing under pseudonym. Her novels, including the last one, Blandina, appear posthumous and in Romanian translation testify to this literature with a strong autobiographical dimension. Her destiny goes back two centuries and can be considered representative for the path that the female writers travel from the time of contempt and mistrust of the nineteenth century to the full acceptance in the twentieth century. Margareta Miller-Verghy was born in Jassy, Romania, but spent her childhood and later her youth in Geneva, not only in a French environment, but also in a multilingual one. This explains her penchant for foreign languages and her talent as a translator, which she makes use of when translating into French the work of Mihail Eminescu, the greatest Romanian poet. After a bachelor’s degree in Social Sciences, while still in Geneva, she became director of the Elena Doamna asylum in Bucharest and in this quality she published books with didactic content, including a method of learning French, which is among the premieres of this kind. Her writing career began in 1883 with a short story published under the pseudonym Marmil and continued with three novels, the first, Theano, published in Romania and France in 1919 and respectively in 1921, the second Cealaltă lumină (The Other Light), in 1944, a testimony of the accident in which she lost her eyesight, and the last Blandina (1980), which is actually the first of this autobiographical cycle. Apart from this activity in the field of literature, she advocates for women’s literature, publishing an anthology entitled Evoluția scrisului feminin în România (Evolution of the female writing in Romania). She is interested in arts, directs for twenty years an institution that organizes cultural projects, The House of Art, and has a significant charitable activity, especially during the First World War. In order for her work, which is so diverse and so complex, to be known and appreciated by future generations, the very laborious research we have carried out in the archives must be expanded by editing and re-editing. To continue this study with a monography, with a new edition of the novel Blandine, with an edition of gathered works seems to us a duty for the years to come.

Jury

Damien Zanone, professeur, Paris-Est Créteil
Simona Modreanu, professeure, Université Alexandru Ioan Cuza de Iași
Simona Jisa, professeure

Lien

http://www.theses.fr/2018GREAL025