Le témoignage impossible ? Ecritures de la destruction des Juifs en URSS

Auteur de la thèse: 
Email auteur: 
ksenia.kovrigina@etud.univ-paris8.fr
Directeur de thèse: 
Coquio Catherine, Epelboin Annie
Université: 
Université de Paris
Année de soutenance: 
2019

Résumé

Il n’existe pas, en langue russe, une littérature sur l’extermination des Juifs qui aurait permis, comme en Occident, la constitution et la transmission d’une mémoire du génocide, alors même qu’il a été perpétré par les nazis sur place, dans des ravins et des fosses, et non dans des camps éloignés. La littérature a tenté de jouer un rôle testimonial mais elle s’est très vite heurtée à une série d’interdictions, d’amalgames, de trucages idéologiques qui ont abouti à un déni de l’histoire concernant le génocide. Les interférences avec les meurtres de masse précédents, imputables au système soviétique (Terreur, collectivisation forcée) ou avec le Goulag ont encore davantage empêché que cette mémoire se constitue. Pourtant une « réponse » littéraire au génocide des Juifs a bel et bien existé, elle est analysée ici en la périodisant et en étudiant à chaque fois les contraintes et interdits qui ont pesé sur elle et empêché la parution en URSS de la plupart de ces écrits. Un ensemble de textes provenant des archives est ici mis au jour, qui devrait infléchir notre réflexion sur le témoignage, jusque-là centrée sur l'expérience occidentale de l'extermination dans les camps et sur la figure du revenant.

 

Abstract

There is no Russian literature about the extermination of Jews, which would haveallowed, as it did in the West, a conception and transmission of a memory of the genocide, even though here perpetrated by Nazis on-site, in ravines and mass graves, and not in faraway camps. Literature tried to play a testimonial role but faced a swift series of prohibitions, mixtures, ideological manipulations that led to history’s denial of the genocide. The interferences with previous mass killings, attributable to the Soviet system (Terror, forced collectivization) or with the Gulag, further frustrated the conception of this memory. Yet a literary “response” to the genocide of Jews did indeed exist, it is here analyzed by periodizing and studying in each case the constraints and prohibitions that weighted on and thwarted most of them from surfacing inthe Soviet Union. A collection of texts from archives is here revealed, which should shift our way of thinking about testimony, until now focused on the western experience of extermination camps and its survivors.

 

Jury

Catherine Coquio, Professeure, Université Paris 7 - Paris Diderot

Annie Epelboin, Professeure émérite, Université Paris 8 - Saint-Denis

Sophie Coeuré, Professeure, Université de Paris

Annette Wieviorka, Directrice de recherche CNRS

Boris Czerny, Maître de conférences, Université de Caen Basse-Normandie

Luba Jurgenson, Professeure, Sorbonne-Université

 

Lien

http://theses.fr/2019UNIP7154