Figures d’enfance : la représentation de l’enfant dans la littérature française des XVIIe et XVIIIe siècles

Auteur de la thèse: 
Email auteur: 
sophia.mehrbrey@uni-saarland.de
Directeur de thèse: 
Macé Laurence, Poulouin Claudine
Université: 
Normandie Université
Année de soutenance: 
2019

Résumé

Avec son ouvrage L’Enfant et la vie familiale sous l’Ancien Régime, Philippe Ariès a découvert l’enfant comme objet de recherche interdisciplinaire. Cependant, une étude systématique sur le thème dans la littérature française des XVIIe et XVIIIe siècles n’a pas encore été entreprise. C’est pourtant à cette époque que le regard sur l’enfant change considérablement. La littérature de ces deux siècles ne témoigne pas seulement de cette évolution, mais joue un rôle décisif dans l’élaboration d’une nouvelle conception de l’enfance qui préfigure en bien des points le renouveau rousseauiste. S’appuyant sur un appareil critique interdisciplinaire, qui invite à envisager l’enfant comme une construction de la réalité adulte dont les critères définitoires sont souples, cette thèse se propose d’étudier la représentation des personnages enfants dans un corpus de textes en prose, leur fonction dans l’économie du récit et leur implication dans les débats sociaux et philosophiques de l’époque. Une première partie est consacrée à l’enfant comme objet de la réalité adulte. Suivant la logique de la sociologie de la connaissance, nous avons défini l’enfant comme objet de la réalité sociale et soumis au discours adulte. L’objectif de cette première partie est de montrer dans quelle mesure l’enfant apparaît dans les textes de notre corpus comme objet de représentation, modelé selon le discours adulte. Cependant, l’enfant de la littérature classique ne se laisse pas réduire au seul statut d’objet. Dans tous les textes dans lesquels un personnage enfant occupe plus qu’un instant, les auteurs s’intéressent à sa formation, personnelle, mais surtout sociale. Ainsi, une deuxième partie est consacrée à l’enfant dans son dynamisme car il fascine les auteurs de l’âge classique précisément pour son caractère éphémère. Enfin, la troisième partie rend compte de l’enfant comme sujet, au sens sociologique du terme, c’est-à-dire comme individu doté d’une certaine subjectivité – dans la mesure où l’on peut appliquer ces notions anachroniques aux siècles classiques. Dès le XVIIe siècle, mais surtout à partir du début du XVIIIe siècle, certains auteurs commencent aussi à réfléchir davantage sur les origines de l’être humain, sur sa faculté de raisonnement et sur ce qui le distingue des autres espèces – sujets qui paraissent impossibles sans le détour par l’enfant.

Abstract

Philippe Ariès’ work, L’Enfant et la vie familiale sous l’Ancien Régime, founded the child as an object of interdisciplinary interest. However, a systematic study of the theme in 17th and 18th century French literature has not up until now been realised, although it appears to be during this period that the perception of the child evolves to a considerable extent. The literature of these two centuries not only shows this evolution, it also plays a major role within the elaboration of a new conception of the idea of childhood, which prefigures in many points the rousseauist renewal. Basing our study on an interdisciplinary corpus of critical works, we endeavour to study the representation of childcharacters within a prose corpus, their function of within the narration and their implication in the social and philosophical debates of the times. Our first chapter focuses on the child as an object of the adult reality. Adopting a sociology of knowledge perspective, we have defined “the child” as an object of social reality and subject to the adult discourse. The objective of this first chapter is to analyse the way the child appears in the writings of our corpus as an object of representation, sculptured according to adult discourse. However, the child as a character in classical French literature cannot be reduced to this status of objectivation. In all the texts in which a childcharacter occupies more than a passing role, the author shows his interest in the child’s personal, and most of all, social, development. For that reason, the second chapter analyses the child’s dynamism, because in 17th and 18th century, the child is considered fascinating due to his fleeting identity. Finally, the third and last chapter focusses on the child as a subject in a sociological meaning, as an individual provided with a certain degree of subjectivity. From the 17th century onwards, but mainly within the first part of the 18th century, some authors also start to think about the origins of the human species, man’s intellectual faculties and the points that enable us to differentiate between human beings and other species – questions that can’t be answered, or even asked, without taking the child as a central question.

Jury

Claudine Poulouin, Professeure, Université de Rouen
Laurence Macé, Maître de conférences, Université de Rouen
Tony Gheeraert, Professeur, Université de Rouen
Florence Lotterie, Professeure, Université de Paris
Rotraud von Kulessa, Professeure, Université de Augsburg
Christophe Martin, Professeur, Sorbonne-Université

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