Exil et identité dans l’œuvre de Naïm Kattan

Auteur de la thèse: 
Directeur de thèse: 
Delmeule Jean-Christophe, Saquer-Sabin Françoise
Université: 
Université de Lille
Année de soutenance: 
2019

Résumé

Parcours atypique, vie extraordinaire au sens premier du terme, c'est ce que l'on pourrait dire lorsque l'on parle de cet écrivain canadien, surtout connu en France pour son roman Adieu Babylone. Ce roman autobiographique rédigé en 1975 retrace la jeunesse de ce garçon né à Bagdad en 1928 et qui grandira pour devenir un jeune homme fier de son pays, de ses origines, de sa langue. Mais qui sera également un amoureux des mots, de la littérature tant arabe qu'occidentale (et en particulier française). Après avoir obtenu une bourse d'études pour aller étudier en France de 1947 à 1951, il n'a pas pris un chemin retour vers son Orient natal ni vers le jeune État d'Israël où se trouvait sa famille. Il est parti pour le Canada en 1954 pour s'y installer définitivement. Auteur prolifique, peu connu du public français, Naïm Kattan est l’auteur d'une quarantaine d'ouvrages : de nombreux romans, des nouvelles, ainsi que des essais. Il a également écrit des pièces de théâtre. Auteur connu et reconnu en particulier au Canada, son pays d'adoption et de cœur, il est distingué plusieurs fois par ses pairs. Son parcours littéraire et son ascension dans « l'échelle sociale » du cercle littéraire de son pays d'adoption, ainsi que son travail pour la valorisation des lettres canadiennes, qu'elles soient francophones ou anglophones, montrent l'amour que porte cet homme aux mots, à la littérature. C'est un défenseur du verbe, des belles lettres, car il a un rapport particulier avec le mot, un rapport qui se rapproche de la « sacralité ». Rapport particulier qu'il doit à sa culture, ses origines, son lien avec la religion. Les premières lectures que j'ai pu faire de cet auteur montrent l'incroyable modernité des thèmes abordés, dont un grand nombre traitent de sujets d'actualités parfois « brûlants », tant en France que dans le monde : exil, identité, la force du langage, le rapport à l'Autre ... Naïm Kattan de ce fait comme un écrivain sociologue, un comportementaliste dans la mesure où il aborde l'être humain sous tous ses angles, dans ses relations, son comportement face à autrui, son rapport à la vie au quotidien, au monde. Fait remarquable dans l'écriture kattanienne, c'est cet usage quasi obsessionnel de la dualité. La vie de cet écrivain est elle-même empreinte de cette dualité comme en témoigne son choix (conscient ou non) de vivre dans un pays traversé par la dualité francophone/anglophone. Dualité dans la forme (dualité des personnages, rapport avec l'autre, relation entre le masculin et le féminin, relation Orient/Occident …), mais également dualité dans le fond (structure même d'une œuvre, structure d'un chapitre, alternance passé/présent …) qui reviennent de façon régulière. Comment comprendre cette quasi obsession de mettre en avant une dualité ? Que se cache-t-il derrière cette dualité toujours mise en avant par l’auteur ? Naïm Kattan joue un rôle de rassembleur, de pont entre les individus quelles que soient leurs origines, religions, cultures. Il passe outre les différences et tente de montrer qu'elles ne sont pas un handicap au bonheur mais un atout, une richesse. Le noyau central de cette thèse s’appuiera sur l’intégralité des romans et nouvelles de l'œuvre de Naïm Kattan. Je tâcherai d'analyser les deux thèmes centraux que sont l'exil et l'identité pour répondre à cette problématique : comment Naïm Kattan, avec son statut d'exilé, perçoit-il, à travers son expérience, à travers l'expérience d'autres personnes proches ou lointaines, le phénomène d'exil ? Quelles sont les réactions psychiques et physiques face aux nouvelles influences extérieures, qui sont, pour la plupart du temps, agressives en raison du déracinement physique et culturel (nouvel environnement, nouveau langage, nouvelle culture …) ? Quelles sont les différentes « solutions », les différentes attitudes face à cet état de fait qui, par une globalisation et une interconnexion accrue des différentes sociétés, devient un phénomène courant ?

 

Abstract

Atypical course, extraordinary life in the primary sense of the term, this is how we could describe the life of this Canadian writer who is known in France for his novel Adieu Babylone. This autobiographical book written in 1975 traces the youth of this boy born in Baghdad in 1928 and who will grow up to become a young man proud of his country, his origins, his language.Lover of words and literature, the Arabic one as well as the Western one (and especially the French literature). After getting a scholarship to study in France from 1947 to 1951, he decided not to return to his native Orient or to the young state of Israel where his family settled down. He headed to Canada in 1954 to settle there definitively. Prolific author, little known to the French public, Naïm Kattan is the author of forty books: novels, news, as well as essays. He has also written plays. A well-known and recognized author, especially in Canada, his country of adoption and heart, he is distinguished several times by his peers. His literary career and his rise in the "social ladder" of the literary circle of his adopted country, as well as his work for the valorization of Canadian letters, whether French or English, show his true love of words, of literature.He is a real advocate of the verb and letters, because he has a special relationship with the word, a relation that is close to the "sacredness". A particular relationship that he owes to his culture, his origins, his link with religion. The first books of his oeuvre I have read showed me the incredible modernity of the topics he talks about. Many of them deal with "hot topics”, both in France and in the world: exile, identity, power of the language, the relation with the Other ... Naïm Kattan is, in a way, a sociologist writer, a behaviorist as he approaches the human being from different angles, in his relations, his behavior with others, his relation to daily life, to the world. I could have also noticed something very special in his way of writing: he uses the concept of duality in a way we can qualify as “obsessive”. His life itself is imbued with this duality: he chose to live (consciously or not) in a country crossed by the duality French native speakers / English native speakers. Duality in form (duality of the characters, relationship with the other, relationship between the masculine and the feminine, East / West relationship ...), but also duality in the background (structure of some of his books, chapter’s structure, alternative past / present ...) which comes back regularly.How to understand this extreme obsession to put forward duality? What is hiding behind this duality regularly used by the author? Naïm Kattan wants to gather people, build a bridge between people whatever their origins, religions, cultures. He does not care of the differences and tries to show that they are not a handicap to happiness but rather an asset, a wealth. The central core of this thesis will be based on all the novels and short stories of Naïm Kattan's work. I will try to analyze the two central themes that are exile and identity to answer this issue: how does Naïm Kattan, with his status of exile, perceive, through his experience, through the experience of other people close to him or not, the phenomenon of exile? What are the psychic and physical consequences to new external influences, which are mostly aggressive due to the physical and cultural uprooting (new environment, new language, new culture ...)? What are the different "solutions", the different attitudes towards this situation which, through globalization and increased interconnection between different societies, is becoming a common phenomenon?

 

Jury 

Bruno Blanckeman, Professeur, Université Rennes II Haute-Bretagne

Françoise Saquer-Sabin, Professeure, Université de Lille

Jean-Christophe Delmeule, Professeur, Université de Lille

Bruno Blanckeman, Professeur, Université Sorbonne-Nouvelle Paris 3

Michèle Tauber, Maître de conférences, Université Sorbonne-Nouvelle Paris 3

Guy Dugas, Professeur, Université Paul Valéry Montpellier 3

 

Lien

https://www.dart-europe.org/full.php?id=1420673


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