Encres métisses, voix marronnes : mémoires d'esclaves noires dans le roman antillais francophone et le roman latino-américain hispanophone

Auteur de la thèse: 
Directeur de thèse: 
Mangeon Anthony
Université: 
Université de Strasbourg
Année de soutenance: 
2019

Résumé

Les années 1990 voient apparaître, dans l’espace français et latino-américain, des revendications mémorielles autour du traumatisme historique de la traite négrière et de l’esclavage. Ces réévaluations du passé ont dévoilé en effet des enjeux et des rapports de force, actualisés dans l’institution des « régimes mémoriels » dans ces espaces, mais aussi dans des fictions contemporaines attachées à révéler la voix des absent.e.s de l’histoire et de leurs descendant.e.s. Parmi ces productions, nous remarquons la convergence d’un certain nombre de thématiques et de pratiques romanesques chez des romancières issues des Antilles françaises et de l’Amérique latine continentale. Dans une approche comparatiste et interdisciplinaire, nous mettons en regard six récits antillais et latino-américains, écrits par des femmes, qui accordent une place de choix à l’expérience féminine de l’esclave. Outre l’analyse des dynamiques qui lient histoire et fiction dans ces textes, et de la manière dont ces derniers contribuent à ouvrir la voie à une redéfinition de l’histoirE (herstory), notre travail suggère l’émergence d’une poétique mémorielle de l’esclavage – translinguistique et transnationale – conjuguée au féminin, tout en montrant les potentialités d’associer textes et terrains.

 

Abstract 

During the 1990s, in the French and Latin American spheres, new narratives began to emerge seeking to highlight the historical trauma of the African slave trade and of slavery in general. These re-evaluations of the past have uncovered both the issues and the ratios of power upheld in the institution of « national narratives » in these spaces and in the contemporary fiction endeavouring to uncover the voices of those left out of history and of their descendants. Among these works, we note that a number of themes and fictional techniques are shared by writers from both the French Caribbean and from continental Latin America. Using a comparative and interdisciplinary approach, we analyze six novels by Caribbean and Latin American women writers, which give visibility to the female slave’s experience. By investigating the dynamics binding history and fiction in these texts, and by questioning the ways literature helps to redefine history as herstory, our work suggests that a trans linguistic and transnational poetical memory of slavery, led by women, may be emerging, while demonstrating the possibilities of linking texts with fieldwork.

 

Lien

https://publication-theses.unistra.fr/public/theses_doctorat/2019/Munguia_Aguilar_Rocio_2019_ED520.pdf

 

Jury

Anthony Mangeon, Professeur de Littératures francophones, Université de Strasbourg

Yolaine Parisot, Professeure de Littératures francophones et comparées, Université Paris-Est Créteil

Romuald Fonkoua, Professeur de Littératures francophones, Sorbonne Université

Florence Olivier, Professeure de Littérature comparée, Sorbonne Nouvelle 

Françoise Simasotchi-Brones, Professeure de Littératures françaises et francophones, Université Paris 8

Gaetano Ciarcia, Directeur de recherches CNRS, Institut des mondes africains