Destruction et métamorphoses du corps dans l'enfermement. Représentation de la déshumanisation chez Primo Levi, Georges Perec et Samuel Beckett

Auteur de la thèse: 
Directeur de thèse: 
Ksiazenicer-Matheron Carole, Leborgne Érik
Université: 
Université Sorbonne Paris Cité
Année de soutenance: 
2019

Résumé 

Cette thèse de littérature comparée a pour objectif de mettre en rapport des œuvres habitées par l’Histoire, et d’interroger les représentations littéraires du corps face à l’épreuve extrême de l’enfermement. Le but de cette recherche, qui se déploie en trois temps, est de questionner la nature humaine à travers le prisme de l’écriture face à l’expérience bouleversante des camps de concentration et d’extermination nazis pendant la Seconde Guerre mondiale, en mettant en parallèle des œuvres tant de témoignage que de fiction, qui puisent leurs ressources chacune dans le réel et le fictionnel, dans un jeu de vases communicants.Plus précisément, dans le cadre de la première partie, nous nous concentrons sur la manière dont l’expérience-limite de l’être se manifeste dans ces récits : la confusion identitaire et la déshumanisation y bousculent la représentation du corps, le mettent en doute. Ce doute s’inscrit dans le langage même : comment raconter ce qui paraît inimaginable ? Dans cette deuxième partie, nous mettons l’accent sur l’aspect indicible de l’évènement, et réfléchissons aux contournements, aux déplacements que peut offrir la littérature pour dire ce qui semble, au premier abord, inénarrable. Les images et symboles créent de nouvelles formes littéraires. Ces analyses nous permettent de développer enfin la thématique de ce que nous appelons l’écriture organique, qui se compose et s’articule autour de la corporéité. Langage et corps se superposent dans une dynamique architecturale. Écrire laisse une trace. L’écriture engendre. La littérature serait alors le terrain fécond d’une renaissance, de l’écriture d’un homme nouveau, à jamais métamorphosé par l’expérience concentrationnaire.This thesis of comparative literature aims to relate pieces inhabited by history and to question literary representations of the body in the face of the extreme hardship of confinement. 

 

Abstract 

The aim of this research, which unfolds in three parts, is to question human nature through the prism of writing when confronted with the traumatic experience of concentration camps and Nazi exterminations in the Second World War, by paralleling pieces, factual and fictional, which draw their ressources from both reality and fiction like interconnecting vessels. More specifically, as part of the first section we concentrate on the way the limit-experience of being manifests itself in these accounts. The confusion of identity and the dehumanization disrupt the representation of the body, thus impeaching it.This doubt fits into the language itself : how does one tell the unimaginable ? In the second section we focus on the inexpressible aspect of the event and reflect on the diversions, the displacements that literature can offer to say what, at first, seems indescribable. Imagery and symbolism create new forms of literature.This analysis allows us to develop the theme that we call organic writing, which is composed of and articulates itself through corporeity. Language and body superpose themselves in an architectural dynamic. Writing leaves a trace. Writing gives rise to new forms. Literature would therefore be the fertile soil of revival, the writing of a new human being, forever metamorphosed by the concentration camp experience.

 

Jury 

Carole Matheron, Maîre de conférences, Université Sorbonne-Nouvelle Paris 3

Eric Le Borgne, Maître de conférences, Université Sorbonne-Nouvelle Paris 3

Catherine Coquio, Professeure, Université Paris 7 - Paris Diderot

Florence de Chalonge, Professeure, Université Lille 3 - Charles de Gaulle

Florence Godeau, Professeure, Université Lyon 3 - Jean Moulin

Philippe Zard, Maître de conférences, Université Paris 10 - Paris Nanterre

 

Lien 

https://www.dart-europe.org/full.php?id=706861