De l’autre côté du miroir : l’écriture extime dans les œuvres de fiction de Peter Handke, 2002-2011

Auteur de la thèse: 
Email auteur: 
labarthe.gauthier@laposte.net
Directeur de thèse: 
Lajarrige Jacques
Université: 
Université Toulouse Jean Jaurès
Année de soutenance: 
2019

Résumé

Ce travail se propose d’analyser cinq œuvres écrites par Peter Handke dans les années 2000 (La Perte de l’image, La Grande chute, Don Juan (raconté par lui-même), Kali et La Nuit morave). L’angle d’approche adopté est celui de l’extime qu’il faudra définir non pas comme le contraire de l’intime, mais bien comme une de ses nouvelles modalités. Cette notion qui acte le tournant paradigmatique de l’écriture de soi à l’ère post-autobiographique, mettra au jour le mouvement différentiel qui anime l’écriture handkéenne. Abordant dans un premier temps les conflits entre ipséité et identité que subissent les personnages emportés dans un double mouvement de dés-appartenance et de ré-appartenance, ce travail étudiera plus précisément le partage du Dire au sein de configurations narratives qui remontent à un en-deçà du discours. Le fondement éthique qui interpelle la responsabilité du sujet d’écriture provoque une disjonction qui l’expose non seulement à autrui, mais aussi à la violence du grand Dehors. Face au chaos de la réalité frappée par la catastrophe, le processus d’extimation de l’écriture déconstruit le cadre de la perspective albertinienne pour mettre en place une nouvelle spatialité, un tiers-espace où résident à l’état latent les possibilités enfouies d’un contre-monde, d’une contre-histoire. Le nouvel espace devra être considéré comme une « fable topique » ouvrant à la reconfiguration sensible du réel ainsi qu’à la reconstruction de l’événement. La dernière partie sera consacrée à l’examen des différentes dynamiques actorielles et temporelles qui renouvellent l’essence du récit. L’art de la combinaison ainsi que le rôle accordé à l’« aventure » activent les pouvoirs de l’imagination pour recréer de la durée et réhabiliter ainsi la capacité de la littérature à raconter une histoire. L’extime exprime en dernière instance ce geste d’écriture donnant accès à l’expérience de l’événement narratif et éthique saisi dans l’instant du kaïros.

Abstract

This study aims to analyze five works written by Peter Handke in the 2000s (Crossing the Sierra de Gredos, The Great Fall, Don Juan - His Own Version, Kali and The Moravian Night. The approach adopted throughout this research is based on the concept of the extimate – which will be defined not as the opposite of intimacy but as one of its new modalities. This notion, which signals the paradigmatic shift of self-writing practices in the post-autobiographical era, brings to light the differential movement underlying Handke’s writing. After focusing on the conflicts between selfhood and identity experienced by the characters in a double movement of dis-belonging and re-belonging, this research will especially analyze the sharing of the Say within narrative configurations taking place at a pre-speech level. As the subject of writing is being reminded of the responsibility linked to the ethical foundation of their activity, a disjunction occurs that exposes it not only to others, but also to the violence of the great Outside. Faced with the chaos of a reality struck by catastrophe, the extimation process of writing deconstructs the framework of the Albertinian perspective to produce a new form of spatiality. This new space will be considered as a “topical fable” opening up to a sensory reconfiguration of the real as well as a reconstruction of the event. The last part will be devoted to exploring the different actor and temporal dynamics which renew the story’s essence. The art of combinations and the role given to “adventure”, unleashing the powers of imagination, recreate duration and thereby restore the ability of literature to tell a story. In conclusion, the extimate represents a gesture of writing that provides access to the narrational and ethical event experienced in the moment of kairos.

Jury

Ralf Zschachlitz, Professeur, Université Lumière - Lyon 2
Régine Battiston, Professeure, Université de Haute-Alsace
Mireille Calle-Gruber, Professeure, Université Sorbonne-Nouvelle Paris 3
Hilda Inderwildi, Maître de conférences, Université Toulouse 2 - Jean Jaurès
Jacques Lajarrige, Professeur, Université Toulouse 2 - Jean Jaurès

Lien

https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-03205181v2/document


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