« Da quod offeram tibi ». Les Confessions de saint Augustin ou l’admirable échange du don
Résumé
Cette thèse expose la centralité de l’expérience du don dans les Confessions de saint Augustin. Elle s’assigne pour défi la véridiction d’une formule, « Da quod offeram tibi – Donne-moi de quoi te faire offrande » (XI, 2, 3), à l’échelle de l’œuvre entière. Authentique école du don, les Confessions visent, en effet, à révéler au lecteur le sens et la portée de l’expérience du don, à la fois évidente et paradoxale, et qui ne se confond pas avec celle de la grâce. Le principal effet de cette exercitatio animi réside dans la manifestation de Dieu comme « Celui qui ne sait que donner ». Formule séminale, la prière « Da quod offeram tibi », inscrite dans une série de neuf demandes analogues, s’applique aussi bien à l’offrande eucharistique qu’à ’interprétation des Écritures. Les prolongements eucologiques et liturgiques sont mis en regard des principes constitutifs de la prière romaine. La formule « Da quod offeram tibi » se distingue ainsi de la formule classique « Do ut des », fondée sur le registre du donnant-donnant. Il n’en va pas de même chez Augustin qui propose d’entrer dans « l’admirable échange » du don. Cet échange caractérisé par la gratuité et la largesse trouve son origine dans la vie trinitaire. Grâce au don de l’Esprit Saint et au sacrifice du Christ, et parce qu’il est voulu par le Père comme un être par le don et pour le don, l’homme est rendu capable de se mettre en quête de la uita beata.
Abstract
This thesis exposes the centrality of the experience of gift in St Augustine’s Confessions. It challenges the veracity of a formula, “Da quod offeram tibi – Give me something to offer you” (XI, 2, 3), on the scale of the entire work. Indeed, the Confessions aim at revealing to the reader the meaning and scope of the experience of gift. As such, they act as a genuine propedeutics to gift. Such experience is both obvious and paradoxical, but it is not to be hastily confused with that of grace. God’s manifestation as “the One who knows nothing else than giving” is the main effect of this exercitatio animi. The seminal prayer “Da quod offeram tibi”, part of a series of nine similar requests, applies to the Eucharistic offering as well as to the interpretation of the Scriptures. The eucological and liturgical extensions are set against the constitutive principles of the Roman prayer. The formula “Da quod offeram tibi” is thus distinguished from the classical “Do ut des”, based on the register of give and take. On the contrary, Augustine opens the path to the “admirable exchange” of gift. Endowed with gratuitousness and generosity, it originates in the Trinitarian life. Thanks to the gift of the Holy Spirit and the sacrifice of Christ, and because he is willed by the Father as a being by and for the gift, man is thus enabled to seek the uita beata.
Jury
Bouton-Touboulic Anne-Isabelle, Cassingena-Trévedy François, Cutino Michele, Holzer Vincent, Lagouanère Jérôme, Van der Meeren Sophie, Zarini Vincent