Correspondances amicales entre jeunes artistes : Alain-Fournier, Jacques Rivière, André Lhote (1904-1914)

Auteur de la thèse: 
Directeur de thèse: 
Levillain Henriette
Université: 
Paris 4
Année de soutenance: 
2014

Résumé

Alain-Fournier et Jacques Rivière échangent une abondante correspondance de 1904 à 1914. À ce premier échange se joint le peintre André Lhote, en 1907. Cette thèse postule que leurs correspondances, parce qu’elles sont fondées sur une amitié de jeunesse, contribuent à la formation des trois artistes. Les circonstances des rencontres entre les jeunes gens dépendent de ce que Jean-François Sirinelli appelle des « structures de sociabilité » : la classe de Rhétorique Supérieure de Lakanal, où se rencontrent Rivière et Fournier, et le salon bordelais de Gabriel Frizeau, où Rivière rencontre Lhote. Leurs découvertes littéraires et culturelles, représentatives d’une partie de l’offre culturelle de la période, fondent leur amitié et guident la constitution d’un réseau de sociabilités. Une fois ce cadre posé, l’on peut dégager les caractéristiques de l’amitié unissant les épistoliers. Celle-ci répond aux critères de l’amitié parfaite décrits par la tradition : elle naît entre égaux et repose sur l’échange et le partage. Mais la particularité de leur relation est d’être fondée sur une passion commune pour l’art. La nature du pacte amical influe dès lors sur le pacte épistolaire : le style de la lettre d’amitié, caractérisé par sa variété, permet des échanges critiques, des exposés théoriques et l’exercice de l’écriture littéraire. C’est pourquoi les correspondances forment une école pour les trois artistes : ils y élaborent des identités leur permettant de se positionner dans le champ artistique, des principes esthétiques vitalistes et un style propre. Leurs lettres apparaissent dès lors comme le laboratoire d’une écriture du roman, de l’essai et de la critique d’art.

 

Abstract

Alain-Fournier and Jacques Rivière exchanged many letters from 1904 to 1914. Painter André Lhote joined them in 1907. This thesis postulates that their correspondences, because they were written out of friendship, played a part in their education as future artists. The context of the encounter between the three youngsters is determined by what Jean-François Sirinelli calls « sociability structures »: the first one is the Rhétorique Supérieure class in Lakanal, where Rivière and Fournier meet, the second one is Gabriel Frizeau’s salon in Bordeaux, where Rivière meets Lhote. Exploring literature and culture, reading and seeing a part of what their time had to offer, gives solid foundations to their friendship, and leads to the extension of their sociability network. This being laid out, one can define the features of the letter writers’ friendship. It obeys the criteria of perfect friendship as it was described by tradition: friends are equals and their relationship is based on trading and sharing. But the three young men are also friends because they have a common passion for arts. Their friendly pact thus influences their epistolary pact: a friendship letter, being defined by its variety, allows writers to criticize each other’s work, to give theoretical exposés and to practice creative writing. That is why these correspondences can be called a school for artists: there, the three young men can build their own identities which allow them to find their place into the artistic field. They also form vitalist aesthetic principles and their own writing styles. Letters thus appear as a laboratory where they can try to write novels, essays or art critic.

 

Jury

Basch Sophie, Baudorre Philippe, Hermetet Anne-Rachel, Levillain Henriette, Simonet-Tenant Françoise

 

Lien

https://www.theses.fr/2014PA040042