Autofiction et réseaux sociaux : récits de soi chez Chloé Delaume et Tao Lin

Auteur de la thèse: 
Directeur de thèse: 
Lavocat Françoise
Université: 
Université Sorbonne-Nouvelle
Année de soutenance: 
2019

Résumé

Les images de soi produites par un auteur dans des romans autobiographiques peuvent, dans le contexte actuel, recouper ses représentations sur ses profils numériques, faisant apparaître une dynamique influençant la lecture des textes littéraires, la position institutionnelle de l’écrivain et la relation de ce dernier au lecteur. Nous avons voulu défendre l’idée selon laquelle, s’il n’est pas déterminant de prendre en compte la personne réelle de celui ou celle qui signe l'œuvre (y compris dans le cas d'autofictions), sa figure construite à la fois dans le discours littéraire et dans les espaces d’expression numériques brise la frontière entre texte et hors-texte. Afin d'observer les implications de la rencontre entre double virtuel et double fictionnel de l’auteur, nous nous attachons plus particulièrement aux cas de Chloé Delaume et de Tao Lin. Ce dernier sature ses textes de renvois entre sa vie, internet et son œuvre, mettant en lumière des éléments de référentialité (notamment entre personne et personnage) désormais accessibles à ce que nous nommons des lecteurs-internautes. Concernant Chloé Delaume, c’est au niveau du support de fiction que l’exploration de nouveaux médias se joue : les outils informatiques, comme une contrainte oulipienne, servent de cadre technique à partir duquel l’écriture est appelée à naître. Dans leurs approches respectives, nous nous sommes intéressée à la mise en place d’un récit de soi transmédiatique, induisant une nouvelle matrice diégétique d’une part, et de nouveaux comportements de lecture d’autre part. La curiosité du lecteur peut être nourrie par les réseaux sociaux ; or, non seulement l’accès à la vie de l’auteur reste un mirage, mais cela ne donne à ce dernier que plus d’armes pour manipuler le lecteur s’il le souhaite. 

 

 

Abstract

The self-images produced by an author within autobiographical novels tend to overlap, in our digital era, his or her online representations, thus influencing the reading of the text, the institutional position of the writer and his or her relationship to the reader. More broadly, although it is not necessary to take into account the actual person producing the work of art (including in the case of autofictions), the figure he or she constructs within literary speech and digital spaces for expression breaks the boundary between text and what is located outside of the text. In order to parse what the encounter between the digital version and the literary version of the author involves, I chose to focus on the works of Chloé Delaume and Tao Lin. The latter uses material coming straight from his own social media in his novels, highlighting elements of referentiality (especially between person and persona), now available to what I call readers-internet users. As for Chloé Delaume, she explores new media through various mediums of fiction: she uses technological tools as a frame, akin to an Oulipian constraint, in order to let a specific kind of writing emerge. What interested me in their approaches is their construction of a transmedia self-narrative leading on the one hand to a new diegetic matrix and on the other to new ways of reading. The reader's curiosity can be nourished by social media; however, not only does the access to the writers' life remain an illusion, but it only gives more power to them if they wish to manipulate the reader.

 

Lien

http://www.theses.fr/2019PA030021

 

 

Jury de thèse

Françoise Lavocat, Professeure, Université Sorbonne-Nouvelle Paris 3

Alexandre Gefen, Directeur de recherche CNRS rattaché à l’équipe Thalim

Gilles Bonnet, Professeur, Université Lyon III Jean Moulin

Dawn M. Cornelio, Professeure, Université of Guelph (Canada)

Fanny Georges, Maître de conférences, Université Sorbonne-Nouvelle Paris 3

Magali Nachtergael, Professeure, Université Bordeaux-Montaigne