André Pézard dans ses archives : naissance d'un écrivain et d'un italianiste
Résumé
André Pézard (1893-1984) est reconnu pour être l’un des plus grands italianistes du vingtième siècle : il a traduit, à lui seul, les Œuvres complètes de Dante et a activement contribué au développement et à la réception de l’italianisme en France. En marge de ses activités professionnelles et universitaires, du lycée d’Avignon au Collège de France, les archives mettent en évidence qu’il était aussi un écrivain et ce, dans sa pratique personnelle quotidienne tout au long de sa vie. Rescapé de la Grande Guerre, le jeune homme va tenir, de 1919 à 1921, en arrivant à Avignon où il va occuper son premier poste d’enseignant, un journal personnel dans lequel il manifeste sa progressive réadaptation à la vie civile. Quelle trace André Pézard a-t-il voulu laisser en rédigeant le Journal d’Avignon ? Quelle fonction lui assignait-il au quotidien ? Si le jeune diariste ne fait jamais clairement état d’un projet de publication de son contenu, certaines lignes de force tendent à nous convaincre que ce journal, au même titre que l’ensemble de ses archives, assume une fonction de laboratoire dans lequel il va puiser les matériaux et l’inspiration en vue d’un ou de plusieurs projets éditoriaux envisagés. Après avoir publié un premier témoignage de l’expérience directe de la guerre, Nous autres à Vauquois en 1919, André Pézard comptait-il, à terme, écrire une deuxième autobiographie ? Envisageait-il une production littéraire qui visait à transmettre une expérience personnelle ou un patrimoine culturel donné ? Le Journal d’Avignon qui atteste d’une écriture aux multiples facettes n’a pas livré tous ses secrets. Nos recherches et nos analyses démontrent qu’André Pézard n’a finalement pas pris la voie de l’écriture officielle et n’a pas publié son journal avec les productions narratives qu’il contenait. Les activités de l’italianiste ont probablement rendu secondaire l’envie en Pézard de devenir écrivain.
Abstract
André Pézard is well known for being one of the most important italianists of the twentieth century: he translated the Complete Works of Dante alone and played an active part in the development and reception of italianism in France. Besides his professional and academic activities, from teaching in Avignon Secondary School to the Collège de France, the archives prove that he was also a writer in his personal and daily practice. A survivor of the First World War, from 1919 to 1921, the young man kept a personal diary in which he wrote about his progressive readjustment to civil life, during his first teaching job in Avignon. Which literary record did he want to leave by writing the Journal d’Avignon? Which function did he assign to his personal diary in daily life? If the young diarist never clearly planned to publish his work, some key elements lead us to believe that, as for his whole archives, this diary became a laboratory from which he would draw material and inspiration in order to write. After publishing a first testimony of the direct experience of war, Nous autres à Vauquois, in 1919, did André Pézard intend to write a second autobiography? Did he contemplate a literary production that could aim at transmitting a personal experience or a cultural heritage? The Journal d’Avignon, which attests to the variety of Pézard’s writing, did not give away its secrets. Our research and analysis prove that André Pézard finally did not take the path of official writing and did not publish his diary and the narrative productions it contained. The activities of the italianist probably put Pézard’s wish to become a writer on a secondary level.